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Textiles et perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont partout. Alimentation, jouets, mobilier, décoration, textile… On y prête peu d’attention, mais ils ont pourtant un impact certain sur la santé de nos enfants, et ce dès le plus jeune âge, y compris pendant la grossesse. 

Le sujet est vaste et relève de différents domaines d’expertises. En tant que créatrice textile (et n’étant moi même pas une professionnelle de la santé), je vais vous citer là quelques pistes pour éveiller votre curiosité sur la vigilance à avoir dans nos choix vestimentaires pour bébé.

Cet article fait suite à une entrevue live sur Instagram avec Mauro, naturopathe chez Kidynature.

Téléchargez gratuitement le PDF avec les informations synthétisées : Labels et perturbateurs endocriniens

Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien ?

N’étant moi même pas une professionnelle, je me permet de retranscrire la vulgarisation de Mauro de Kidynature, toutefois pas scientifique mais au moins plus accessible pour comprendre le fonctionnement de ceux-ci.

“Considérons le corps humain comme une usine. Elle est faite de différents départements : la respiration, la digestion, la circulation sanguine etc… Or, comme dans la vraie vie, toute usine a besoin d’avoir un fonctionnement synchronique. (ex/ digérer 3h avant de manger, ça serait bête). L’idée, c’est que dans ce fonctionnement qui est complexe, il faut une sorte de management, de composant à l’intérieur, de système qui puisse assurer ce fonctionnement synchronique. C’est le rôle du système endocrinien à travers différents organes. Ces différents systèmes vont essayer de communiquer, de s’envoyer différents messages pour essayer de faire ce fonctionnement synchronique. 

Un perturbateur endocrinien est un élément, une substance, qui peut provenir d’un procédé de fabrication, se retrouver dans un produit par des pesticides utilisés (comme dans le textile -coton- par exemple) qui va venir interagir dans ce système de réglage. 

C’est un peu comme si (attention nouvelle métaphore) les manager d’une entreprise avait besoin de s’échanger des emails. Le perturbateur endocrinien est un système de SPAM qui va rajouter des messages inutiles, qui vont ralentir le fonctionnement ou entraver des modifications presque irréversible dans le fonctionnement de ce système. 

Chez un enfant, cette problématique des dangers liés à la perturbation du système endocrinien est évidemment exacerbée. Les enfants sont des laboratoires en plein développement qui ont besoin de grandir, de construire des réactions à l’intérieur. Si lors de cette construction il y a une mauvaise interaction dans le corps qui doit assurer le bon fonctionnement, il y a alors énormément de problèmes qui peuvent se présenter. “

Voici une liste des perturbateurs endocriniens les plus connus (Source : Pediatre-Online)

  • – l’estradiol, l’estrone, l’estriol qu’on va retrouver dans les eaux résiduaires
  • – le tamoxifène utilisé dans le cancer du sein
  • – l’endosulfan, l’aldine, la dieldrine, la chlordécone: dans les insecticides vendus partout
  • – l’atrazine utilisée dans les pesticides, les herbicides
  • – les pyralines (comme les polychlorobiphényles) , mais aussi le Nonylphénol utilisés dans l’industrie
  • – le bisphénol A qui a fait parlé de lui dans les biberons, désormais interdit, mais encore présent dans tous les agents plastifiants
  • – les foranes dans les solvants, les déchets industriels
  • – le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) et ses métabolites comme insecticide 
  • – le TCDD (p-dioxine) dans les déchets des incinérateurs.
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Où trouve t'on les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens peuvent être inhalés (vapeurs, odeurs, plastiques …), ingérés, mais aussi par passage cutané. Aujourd’hui on retrouve des perturbateurs endocriniens dans tous les produits les plus banals. Les habits, les cosmétiques, les jouets en plastiques, les contenants alimentaires, dans les peintures, dans certains médicaments… 

Cela dépend souvent de la qualité de ce qu’on achète. On peut par exemple payer un body “en coton” à 50ct… il est alors fort probable que dans la chaine de production il y ai eu une injection de produits chimiques. 

La plupart du temps les perturbateurs endocriniens relèvent de la chaine de production ou de l’utilisation que nous faisons de l’objet. Par exemple on peut acheter les produits les plus bios et locaux possible, si on les cuits à la vapeur dans une machine en plastique, alors nous allons nous même ajouter des substances toxiques à nos aliments. 

Quels sont leurs impacts sur la santé ?

  • Diminution du nombre de spermatozoïdes, donc cause d’infertilité chez les hommes
  • Diminution de l’équilibre homme/femme: le ratio mâle/female est passé aux USA de 1.053 à 1.049 entre 1969 et 1995
  • Augmentation de la fréquence des testicules qui ne descendent pas dans les bourses des garçons (cryptorchidie)
  • Cancer du testicule plus fréquent
  • Malformations génitales chez les garçons, avec l’urètre (le petit trou par où sorte le pipi sur le pénis) qui est mal positionné sur la verge (hypospadias). Cela est frappant chez les enfants d’agriculteurs ! Avec l’utilisation des pesticides.
  • Précocité de la puberté chez les filles

Quelles matières privilégier pour les vêtements de bébé

Avant tout, que ce soit de façon écologique ou sanitaire, il est recommandé de favoriser avant tout les matières naturelles (coton, lin, laine …). En effet, les textiles synthétiques contiennent des agents toxiques connus comme le pétrole par exemple pour les vêtements en polyester, nylon ou acrylique, mais aussi d’autres métaux lourds comme les alkylphénols (utilisés pendant le lavage et la teinture), les phtalates (liés à l’utilisation de PVC dans des impressions, par exemple) ou des substances perfluorées (utilisés dans des traitements finaux comme anti-Tache ou imperméabilisation).

Au delà de la matière naturelle, il est aussi important de se pencher sur les différents labels associés au textile. Est à privilégier avant tout le label GOTS (Global Organic textile Standard) qui, en plus des exigences environnementales et sociales strictes, possède dans son cahier des charges des exigences sanitaires, interdisant notamment l’utilisation de produits chimiques toxiques pour la santé. 

Le Label Standard 100 OEKO-TEX est également une bonne référence pour ses engagements sanitaires et environnementaux, mais attention, il peut également s’appliquer à des vêtements synthétique comme le polyester ! Dans ce cas, toujours une fois de plus favoriser les matières naturelles (coton, lin, chanvre…). Ce label ne justifie pas de l’utilisation de fibres bio, en revanche vous pouvez trouver par exemple des vêtements en coton bio certifié oeko-tex

Pour pousser encore plus loin, l’idéal est de privilégier des vêtements en matières naturelles non teintées. Les vêtements sombres ou vifs étant les plus impactés par la teinte des fibres. 


À savoir : Ces labels s’appliquent sur des tissus qui seront retravaillés, ou sur des produits finis. Pour certifié d’un produit fini labellisé, il doit passer une série de tests (extrêmement coûteux). Aussi, mes rallonges de bodies par exemple ne sont pas certifiées GOTS ou OEKOTEX, en revanche, elles soit fabriquées à partir de tissus labellisés. La nuance est importante à relever, car la plupart des artisans n’apposent pas le label par soucis économique, bien que leurs produits respectent une composition labellisée et que la chaine de production de l’habit fini ne prend pas en compte d’ajouts de substances nocives.

Entretien du vêtement

On peut retrouver des substances chimiques et toxiques sur les vêtements neufs. Ils peuvent être présent dès la fabrication, mais aussi ajoutés dans leur chaine de distribution, de stockage, d’expédition

Aussi, il est primordial de laver ses vêtements avant la première utilisation. Cela peut aussi valoir pour des vêtements de seconde main. Selon la lessive utilisée, le parfum de l’ancien propriétaire, le stockage etc…

Attention ! Les laver, c’est bien, avec une bonne lessive, c’est mieux. Certaines lessives du commerce contiennent du parfum et autres substances qui peuvent s’avérer nocives. Ne pas oublier que la lessive dépose une fine pellicule de produit sur les vêtements, alors il vaut mieux se diriger vers des lessives ayant un éco-label. 

Et pour les couches ?

Ce n’est pas un secret, les couches jetables, tout comme les protection périodiques, sont malheureusement des sujets transmissibles de perturbateurs endocriniens. Bien que les réglementations progressent, il faut néanmoins rester prudent sur nos choix de couches jetables pour bébé. Ainsi il est préférable de choisir des couches sans parfum ni lotion parfumée, non blanchies, et surtout selon des labels figurants sur l’emballage (à défaut de ne toujours pas pouvoir lire distinctement les composantes des couches de nos enfants…).

Aussi seront à favoriser les labels suivants : GOTS, Ecolabel, 0%, Oeko-tex, hypoallergéniques, FSC, PEFC (je vous laisse en lire plus sur mon PDF gratuit qui développe leurs propriétés : Labels et perturbateurs endocriniens

Ça, c’est pour les utilisateurs de couches jetables. Parce qu’évidemment sinon, sont à privilégier les couches lavables !

Les couches lavables sont, par nature de composition, plus à même de respecter des exigences sanitaires propres au bien être de bébé. Il reste néanmoins des points importants à surveiller pour respecter l’hygiène de son enfant :

  • Favoriser des couches fabriquées en Europe

Les règles législatives en terme de composition des fibres textiles diffèrent en fonction des région du monde. Alors qu’en Europe les contrôles sont renforcés et surveillés, il est possible qu’elles ne le soient pas, ou moins dans d’autres parties du globe. Aussi il est préférable d’éviter d’acheter des couches lavables provenant d’Asie par exemple (bien que plus écologique que les couches lavables, elles peuvent s’avérer dangereuses par leur composition).

  • Surveiller les labels des textiles

Les labels oeko-tex et GOTS sont de bonnes références (au même titre que le vestimentaire) pour assurer une chaine de production textile sans perturbateurs endocriniens.

  • Entretien des couches

Ici encore, l’entretien des couches n’est pas à prendre à la légère ! Au même titre que pour les habits, il est important de choisir des lessives sans parfum pour limiter les risques de dépôts de produits indésirables.